Naissance du punk (1976-1984)
Historique
À l'origine aux États-Unis, le mot punk décrit le rock'n'roll basé sur des guitares électriques des groupes « Garage » des 60's tels The Seeds, The 13th Floor Elevators ou encore The Gizmos et des groupes de Detroit, The Stooges et MC5. Ce qui est maintenant appelé 60's punk pour éviter une confusion.
Les influences du punk-rock sont aussi des groupes de glam rock tels que The New York Dolls, mais aussi les groupes de rock britannique comme The Who, The Kinks première manière et les artistes de l'avant-garde new wave new-yorkaise (Patti Smith, Suicide, Television) et The Heartbreakers avec Johnny Thunders et Jerry Nolan. On constate un fort désir de retourner à la spontanéité et la simplicité du rock primitif et un rejet de ce que les punks ont perçu comme prétentieux, mercantile et pompeux dans l'arena rock des années 1970, engendrant les formes grandiloquentes du heavy metal et du rock progressif. Par contraste, le punk a délibérément renforcé la simplicité de ses mélodies, refusant toute démonstration ostentatoire de virtuosité et engageant n'importe qui à former son propre groupe dans sa cave ou son garage. Les paroles ont apporté une nouvelle radicalité d'expression dans les sujets politiques et sociaux, traitant souvent de l'ennui urbain et du chômage. Les thèmes sexuels étaient abordés de façon crue et ne se limitaient plus à l'amour sublimé qui était chanté ailleurs ou aux métaphores suggestives (et souvent transparentes, d'ailleurs) qui avaient cours dans le rock (puis la pop) et qui avaient suscité à l'origine de vives polémiques.
Aux États-Unis, les Ramones ont posé, à partir de 1974, les jalons du punk américain dans une version qui reste alors très rock'n'roll et parfois considérée comme les prémices du pop-punk. The Germs, formés autour de Pat Smear, ont sorti en 1977 leur single Forming/Sexboy (live), souvent considéré comme le tout premier disque punk de Los Angeles. Richard Hell est un autre jalon important, tant pour l'image (t-shirt déchiré) que pour le son avec son titre Blank Generation.
Au Royaume-Uni, certains ont pu écrire que des groupes traditionnellement rattachés au courant "pub rock", l'équivalent des garage bands américains au milieu des années 1970, pourraient représenter les prémisses de l'explosion punk britannique de 1976-77, en raison de l'énergie de leur musique et de leur vitesse d'exécution ; parmi eux : Doctor Feelgood ou le très controversé Eddie and the Hot Rods.
Même si le premier groupe punk britannique ayant sorti un disque fut The Damned, dont le premier single vinyle parut confidentiellement durant l'été 1976 (son titre-phare étant "New Rose"), les véritables débuts du mouvement ont été les premiers concerts des Sex Pistols et la sortie de l'album Never Mind the Bollocks. À partir de là et des premiers scandales, le punk, médiatisé, a enflammé une partie de la jeunesse. Le passage de Johnny Rotten et des autres Pistols à la télévision a suscité un véritable engouement mais aussi une très vive hostilité, qui fut l'un des engrais essentiels du phénomène Sex Pistols.
En France, les pionniers du mouvement furent le « petit cercle d'initiés » qui se créa autour d'Élodie Lauten. Revenant du CBGB à New York, où elle avait entendu Patti Smith "miauler" d'étranges poèmes rock toutes les nuits, elle fit découvrir à ceux qui allaient former Angel Face et European Son (et plus tard, Métal Urbain), à Alain Pacadis et à Patrick Eudeline (qui décida alors de former le premier line-up d'Asphalt Jungle), ce tourbillon qui commençait à envahir la planète.
De son côté, Marc Zermati, qui avait depuis plusieurs mois ouvert une boutique, l'Open Market, rue des Lombards (dans les Halles), où se cotoyaient Iggy Pop, les Flaming Groovies et Doctor Feelgood lorsqu'ils passaient à Paris, mais aussi Pacadis et Yves Adrien, organisa, en août 76, le premier festival punk à Mont-de-Marsan. The Damned clôturèrent les deux journées de délires. Au même moment, Philippe Bone, passant l'été à Londres, ramenait en France le premier single de ce groupe "vinylisé" paru chez un petit label indépendant qui venait juste d'en presser quelques exemplaires. C'est ainsi que "New Rose", sur la face A de ce disque, retentit pour la première fois dans un lieu public en France, au Gibus club.